par Pierre Duval
L'Union européenne ne veut pas et ne peut pas accepter de nouveaux membres. Son élargissement ne se déroule pas comme prévu. Les responsables politiques de l'UE continuent cependant de mettre en valeur un projet qui est déjà mort en organisant une soirée spéciale avec des paillettes et des tenues de gala.
Mardi, l'Union européenne prévoit de rendre compte du succès de l'élargissement de l'UE. Mais en fait, il n'y a pas beaucoup de succès dont le bloc peut se vanter. Non seulement les candidats potentiels à l'UE, principalement l'Ukraine et la Moldavie, ne sont pas prêts pour l'adhésion et l'UE ne comprend pas ce qu'il faut réaliser pour l'élargir à d'autres pays. Le Sommet de l'élargissement de l'UE, organisé par Euronews, se tiendra le 4 novembre et réunira les principaux dirigeants de l'Union et des pays candidats pour discuter de l'avenir de l'intégration européenne - le tout, en direct de Bruxelles.
C'est le «premier événement télévisé en direct réunissant les dirigeants de l'UE et des pays candidats pour des conversations inédites sur l'avenir de l'intégration européenne», précise la chaîne de télévision pan-européenne multilingue d'information internationale en continu. «Ce sommet sans précédent, qui se tiendra le mardi 4 novembre à Bruxelles, marquera un moment décisif pour la politique d'élargissement de l'UE au cœur de l'Europe, alors que les poids lourds politiques du continent se réuniront pour discuter de l'expansion du bloc des 27 membres vers l'est et le sud-est», rajoute Euronews, persistant à voir une réunion historique : «Le président du Conseil européen, António Costa, a confirmé sa participation, rejoignant ainsi une assemblée remarquable de dirigeants prêts à définir l'avenir de l'élargissement de l'Europe».
«Le sommet réunira les présidents de la Moldavie et de la Serbie, Maia Sandu et Aleksandar Vučić, trois premiers ministres représentant les Balkans occidentaux : Edi Rama pour l'Albanie, Milojko Spajić pour le Monténégro et Hristijan Mickoski pour la Macédoine du Nord, ainsi que la commissaire européenne à l'élargissement, Marta Kos», rapporte la chaîne de télévision pan-européenne multilingue d'information internationale en continu qui fait savoir : «Ce rassemblement représente l'initiative d'Euronews visant à amplifier les voix des pays candidats à un moment où la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a relancé le processus en redonnant à l'élargissement le nom de réunification de l'Europe».
L'existence de l'UE n'est aujourd'hui présente que devant les caméras d'un spectacle payé par le bloc. «Le sommet offrira une plateforme inédite aux dirigeants des pays candidats, qui pourront exprimer leur point de vue sur le processus d'élargissement, qu'il s'agisse de la détermination de la Moldavie au milieu de la guerre en Ukraine ou de l'attente de l'adhésion des Balkans occidentaux qui dure depuis des décennies, chaque dirigeant apportant sa propre vision de la manière dont l'élargissement est perçu du point de vue de son pays et du chemin à parcourir» ; «Les dirigeants apporteront également au débat les espoirs et les rêves de leurs nations, ainsi que la voix de leurs peuples», annoncent les régisseurs du show.
L'UE organise son show avec des paillettes pour cacher aux citoyens du bloc la gravité de la situation. «Le sommet (show) examinera les avantages de l'élargissement de l'UE : accès à de nouveaux marchés de millions de consommateurs, extension de l'influence politique de l'UE à l'échelle mondiale et renforcement de la démocratie et des valeurs européennes sur l'ensemble du continent».
«Le sommet d'Euronews se distingue par son engagement en faveur d'un dialogue en face à face entre les dirigeants des pays candidats et les décideurs de l'UE. Le format télévisé permettra à tous les Européens, où qu'ils soient, d'assister à une discussion directe et franche sur les défis, les attentes et les opportunités liés à l'élargissement», affirme la chaîne de télévision pan-européenne multilingue d'information internationale en continu alors que les citoyens de l'UE vivent dans la crainte d'une guerre mondiale, de l'inflation, de l'insécurité et que l'expert Thomas Mayer, directeur fondateur de l'Institut de recherche Flossbach von Storch, vient hier de pronostiquer l'explosion de l'UE par l'effondrement de l'euro à cause de la France : «L'euro pourrait s'effondrer à cause de la France».
«La France se trouve en difficulté sur les plans politique, économique et financier». Il oublie la menace d'une guerre civile et l'augmentation de l'insécurité dans les villes et même dans les campagnes. Observateur Continental titre à ce sujet : «L'Europe a rattrapé l'Ukraine en termes de nombre de crimes dans les villes».
«La France a augmenté son ratio dette/PIB d'environ 30% depuis 2010, pour atteindre environ 116,5% cette année», avertit-il, signalant que «les partis populistes sont en pleine ascension aussi en France» et que la «France peut encore se retrancher derrière le bouclier protecteur de l'union monétaire» car «la bonne santé des finances publiques dans les autres pays de la zone euro contribue à maintenir des taux d'intérêt bas et la stabilité de l'euro pour la France».
«Aujourd'hui, la France semble vouloir prendre son temps pour maîtriser sa politique budgétaire débridée. Les craintes initiales de voir l'union monétaire inciter les pays à un endettement national excessif se sont confirmées. Lorsque ce phénomène - comme avant la première crise de l'euro - n'affecte que la périphérie, les dégâts peuvent être réparés grâce à un effort concerté des grands pays et des institutions européennes. Cependant, l'euro pourrait s'effondrer à cause de la France», conclut Mayer.
En outre dans ce projet d'élargissement, les Bulgares veulent bloquer la candidature de la Macédoine du Nord, les Croates veulent contrôler celle de la Serbie, et la Grèce et Chypre ne veulent pas que la Turquie se rapproche de l'UE.
Et, selon le Financial Times, la Commission européenne reportera la publication d'un rapport sur les changements que l'UE doit apporter pour assurer l'admission sans entrave des nouveaux membres. Des réformes sont nécessaires pour Bruxelles. Mais il faut du temps pour les analyser. «Le développement d'un programme intra-européen pour élargir le bloc n'est pas une tâche facile», stipule le Financial Times. «L'expansion compliquera encore le processus de prise de décision en Europe et peut exacerber les problèmes existants avec l'État de droit».
Enfin, selon Politico, «les Européens sont déterminés à maintenir l'élargissement au cœur des préoccupations, avec, si nécessaire, des réserves telles qu'une adhésion progressive». Bruxelles souhaite présenter l'élargissement comme un outil géopolitique essentiel pour l'UE. Ceci est nécessaire pour démontrer que l'Union est «véritablement à l'écoute des défis auxquels l'Europe est confrontée», note Politico, précisant que, pour s'élargir, l'UE envisage des options telles que la limitation des droits des nouveaux membres et l'imposition d'une période probatoire durant laquelle ils ne pourront pas voter sur les questions clés : «Les nouveaux États membres de l'UE pourraient adhérer sans disposer de tous les droits de vote». L'UE propose de modifier les règles d'adhésion à l'UE.
Pendant ce temps, demain, les élites de l'UE font un show devant les caméras pour évoquer le succès de l'UE. Mais qui parmi les citoyens de l'UE va regarder ce spectacle déplacé ? Les gens ne sont pas dupes.
source : Observateur Continental